Le cromlech

*Comme il l'avait fait avec le corps inerte de l'archère masquée, le vampire repoussa violemment le corps de sa victime. Un humain, un humain vivant cette fois, et innocent! Pas un quelconque guerrier qui l'aurait attaqué et qu'il aurait tué pour se défendre, un homme qu'il ne connaissait pas, visiblement un paysan sans histoire, qui ne lui avait fait d'autre tors que de sentir si fort le sang. Syül déglutit et s'essuya la bouche d'un revers de manche avant de se pencher sur le corps affalé de sa victime, à la peau crayeuse. Il lui avait brisé la nuque, ce qui valait peut-être mieux. Syül n'engendrerait pas d'autres horreurs, quoique...
Cela valait-il mieux que de tuer? Pour se nourrir? Le coeur du vampire, s'il avait été encore fonctionnel, aurait battu la chamade. Puis le dragon se calma et jeta un regard lointain à Vanycent. Comment diable pouvait-il se faire apprécier d'un être...vivant? Qu'il risquait à tous moments de mordre dans un saut soudain de violence et de faim?*

@Avons-nous des regrets lorsque nous abbatons un sanglier pour nous nourrir? Non. Je ne devrai pas regretter de me...nourrir.



Les humains sont comme nous, des êtres à l'intelligence proche. Tuer un frère...Sagesse, dragon des mages, prête-moi ta clairvoyance! Que dois-je faire?Ce n'est pas d'Aurore dont j'ai besoin en ce moment...@

*Vanycent n'entendit plus rien. Le festin était terminé. D'ailleurs, il était temps pour lui aussi de trouver de quoi se sustenter. Il était assez maigre et livide comme ça ; il fallait qu'il mange au moins une fois par jour. Mais il n'avait rien ni volé ni acheté de la journée. Et puis, toutes les boutiques sont fermées, la nuit. Personne ne se risque dans les rues. Même les auberges étaient silencieuses.
Il cligna des yeux en soupirant silencieusement. Autant dire que tous ces événements avaient boulversé sa façon de vivre au jour le jour. Dire qu'avant, il construisait son avenir pierre par pierre... Mais le passé doit rester le passé, a dit un sage. Pourtant, ce sage n'avait apparement pas comprit que le passé forme le présent tel qu'on le vit.
Passé, présent, futur... Autant ne plus penser à rien.*

*Syül s'avança vers le cromlech, dissimulant au possible le sang qui dégoulinait de ses manches et de ses lèvres. Il ne voulait pas gèner Vanycent. Avec tout autre, il se serait sans doutes contenté d'un sourire glacial et sanglant. Il posa une main blafarde tachée de pourpre sombre sur la pierre la plus proche et sauta. Il se réceptionna sans bruits au sommet du dolmen et s'accroupit pour inspecter un instant la pierre granuleuse, avant de se lever et de siffler doucement entre ses dents un son modulé, presque musical et chanté. Aeryel, il n'était pas Chanteur, mais gardait quelques pouvoirs hérités de Zyl. A présent, il était temps d'appeller Athren.*

*L'homme-dragon tourna la tête vers le dragon-vampire (il n'osait toujours pas employer le mot "ami"), remarquant la délicate intention de celui-ci à vouloir cacher ce qu'il venait de faire. Il avait l'air.......requinqué.
Vanycent l'observa sauter et revint sur la contemplation de l'espace infini. L'espace était vide, mais si plein à la fois... Il abritait des galaxies, des planètes, des étoiles... Le dernier Manoirouge pouvait-il se comparer à lui ? Avait-il enfin réussit à trouver quelque-chose qui puisse le représenter ?
Il avançait dans ses réflexion existencielles tout en écoutant distraitement le sifflement mélodieux de Siül, n'essayant même pas de comprendre quel était son but. Ne penser à rien, mais réfléchir. C'est tout.*

*Le vampire ferma les yeux. La brise qui soufflait était légère -mais glacée-. Quelques mèches blanches s'envolaient et barraient son visage délicat -mais rougi par le sang- alors qu'il levait les mains au ciel. Une des étoiles était rouge, à travers ses paupières si pâles et fines, il la voyait luire devant lui. Il ouvrit de nouveau les yeux et sourit alors qu'il entendit la réponse stridente du griffon, lointaine, semblable à un cri d'aigle torturé et rauque à la fois. Une plume grise se matérialisa dans la main tendue du vampire, qui la referma, satisfait et l'abaissa. Se servant de ses ailes pour moduler sa chute, il sauta au pied du menhir.*

*Vanycent sortit de ses longues réflexions et tourna la tête vers lui. Il avait comprit que Syül avait appellé quelqu'un - ou quelque-chose-. Les bras croisés et le dos contre la pierre, le dernier Manoirouge fit s'élever son timbre si particulier sans pour autant briser le silence de la nuit.*

Et maintenant ?

Et maintenant...Rien.
*Il battit des paupières.*
Mon clan va bien. Le "garçon" de tout à l'heure s'est encore enfui. Peut-être le reverrons-nous. En attendant, je n'ai plus de raisons de rester ici, pour l'instant. Astemir. Je retourne à Astemir.
*Le vampire agita vaguement les ailes puis les replia en soupirant. Elles s'étaient -encore!- fragilisées. Mais il n'aurait pas pu boire plus de sang, pas après avoir ressenti avec autant d'intensité une aversion envers lui-même. Il fit quelques pas en avant, inspectant avec froideur le ciel. Il avait le temps avec l'aube.*

[Nialgé ta signaaaaaaa Elle résume tout en un dessin et quelques mots ]

Alors je vais rentrer également. Nous n'avons plus rien à faire ici.

*D'un vague geste de la main, il fit apparaître ses ailes grises parcourues d'éclairs et sauta au sommet d'un menhir. La vent était relativement doux. La nuit était claire. La campagne et la ville étaient calmes. Parfaites conditions pour admirer le paysage du ciel.*

[ ]
*Il redéploya ses ailes et les laissa se gonfler au vent. Puis, d'un bref appui sur ses deux pieds, il s'envola, à la verticale et contempla, un instant, suspendu par les courants, les pierres encore si proches. Il étala ses ailes fines sur des brises ascendante, calquant leur mouvement, pour monter, puis se choisit un courant plus puissant pour le porter à la ville. Il aimait voler. Il n'y pensait même plus.*

*Vanycent le laissa s'éloigner en jetant un regard circulaire au reste du cromlech, puis ses yeux s'en remirent à la lune aux éclats d'argents. Spyra. Il contempla les étoiles quelques minutes et sauta dans les airs à son tour. Contrairement à Siül, il ne faisait pas qu'un avec les courants d'air chaud et froid. Il les défiait. Et vola vers la ville.*