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 Call Of Nemesis : La Plume Rouge

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thomasCarnicer
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MessageSujet: Call Of Nemesis : La Plume Rouge   Call Of Nemesis : La Plume Rouge Icon_minitimeJeu 9 Aoû - 12:05

Si vous avez lu la petite ébauche de Call Of Nemesis: L'appel de Nemesis, peut être savez-vous qu'il s'agit d'une tétralogie....
Sauf que désormais, la série compte des nouvelles!!!!

Directement liées aux évènements de l'histoire principale, elles permettent de se faire une opinion bien plus précise sur ce que sera le livre (et l'histoire).

Je les écris de façon à ce qu'elles soient lues indépendamemnt, donc ne vous inquiétez pas, vous comprendrez =).


Prochaine nouvelle prévue pour le Lundi 13 août....




La plume rouge

De Thomas Carnicer ©Copyright 2007


Chapitre 1 : La tempête




Il pleuvait. D’un autre côté, c’était tout à fait normal. La météo avait prévu hier soir une pluie torrentielle sur l’Est de l’Espagne. Le village n’était donc pas épargné.
Une à une, un à un, les tables étaient nettoyées, et les verres, essuyés.
Bientôt le bar allait fermer ses portes pour la journée. Un soupir de soulagement vint naturellement. Les longues heures de boulot accumulées dans la journée se faisaient maintenant sentir sur le physique et sur le moral. Le travail en soi n’était pas forcément dur, mais assumer la fermeture était épuisant, surtout lorsqu’on était seul.
_Il ne reste plus que les torchons à ranger, et je ferme !
A quoi bon parler seul ? Peut-être pour se rassurer.
Bien que cet endroit fusse accueillant en pleine journée, ce n’était pas forcément le cas à cette heure, d’autant lorsque le déluge attendait patiemment de tremper jusqu’aux os sa dernière victime.
Quelques éclairs illuminèrent la pièce. Le tonnerre, un sursaut, le torchon glissa des mains et atterrit sur le sol.
_Maudit orage !
Des yeux désormais expérimentés vérifièrent rapidement l’ensemble de la pièce.
_Bon ! Et bien j’ai fini !
Enfin.
Le bruit d’une respiration encore haletante fut couvert par la porte qui claqua.
Dehors, le vent contraignait à se cramponner au mur. Il était vraiment temps de rentrer.
Maintenant, voilà que c’était la grille qui faisait des siennes !
_Tu vas t’abaisser, fichue grille ! Je veux rentrer chez moi !
Dans un fracas monstrueux, la grille s’exécuta. Très rapidement, la clé, la serrure, le verrouillage.



_Enfin chez soi !
Cela faisait un sacré moment que je n’avais pas été aussi contente de terminer une journée. J’avais vraiment les os glacés. Je me dépêchai de poser mon sac à main, d’enlever mon manteau trempé, encore ruisselant, et d’ôter mes chaussures que je mis sur les talons contre le mur.
Je courus ensuite vers la salle de bain chercher une serviette.
Je détestais que mes cheveux soient mouillés. Sans doute parce qu’ils mettaient toujours des heures avant de sécher complètement.
_Oh, et puis zut !
J’envoyai valdinguer dans la petite salle de bain mes vêtements. Un peignoir, des pantoufles, et j’étais la plus heureuse des femmes, pensai-je en rigolant.
J’étais surtout bien plus au chaud.
De mes pieds traînards, je parvins jusqu’au frigo où une bouteille de lait m’attendait. Dans le placard de droite, du chocolat en poudre. Le meilleur.
Quelques minutes et une sonnerie de micro-onde plus tard, j’avais un chocolat chaud délicieux dans les mains.
Exactement ce qu’il me fallait, avec une série télé.
Vu comme cette soirée s’organisait, j’étais partie pour me faire un bon petit plateau télé. Déjà que la flemme de cuisiner pour moi toute seule était forte, elle triompha particulièrement ce soir.
Et c’est ainsi que se passa la soirée : le plateau repas, la télé et moi.
_La vaisselle ? lançai-je avec un air de dégoût. Je la ferais demain !



Un air pur me fit doucement ouvrir les yeux. Je sentis un contact délicat sur ma peau.
Une plume blanche. Elle virevolta quelques temps au gré du vent, puis se posa délicatement, rejoignant les millions, voire les milliards de plumes qui jonchaient le sol de cette plaine.
Je levai la tête. Toutes ces plumes...
Elles volaient, chacune dans une direction, sans pour autant jamais s’entrechoquer. L’une d’elle, toute rouge, se dirigea vers moi.
Je tendis la main. Elle s’y posa. C’était une magnifique plume, dont la couleur éclatante contrastait avec le blanc du paysage.
Mais une étrange sensation me dérangea rapidement. Je tendis la main vers moi.
Une goutte coula de la plume jusqu’à mon poignet. Je mis quelques secondes avant de m’apercevoir qu’il s’agissait de sang.
Surprise, je soufflai immédiatement sur la plume maculée, qui découvrit en s’envolant une tâche de sang sur ma main.
Je la fixais, sans comprendre, lorsque au loin, derrière elle, je vis Xavier à genoux, blessé.
J’accourus, criant son nom, terrifiée qu’il lui soit arrivé quelque chose.
Mais ce n’était pas lui. Bien sûr, cet homme devant moi lui ressemblait. Mais ce n’était pas lui, j’en étais certaine.
_Qui êtes-vous ?
Il me regarda, l’air anéanti, fatigué par sa blessure.
_La… La vraie question… N’est pas de savoir qui… Je suis. dit-il. La vraie question est de savoir qui tu… es toi.
_Qui je… répétai-je, immobile.
Il me regarda quelques secondes. Les gouttes de sang qui s’échappèrent de son abdomen allèrent s’écraser sur le sol, contaminant les plumes de la couleur écarlate.
J’étais incapable de dire quoi que ce soit. Comme pour me tirer de mon mutisme, il répondit, la voix toujours saccadée.
_...L’avenir.
Puis il appuya sur son abdomen. Un cri. Il se tordit de douleur.
Soudainement, toutes les plumes s’envolèrent devant mes yeux.



Ce qui normalement était la douceur matinale de mon lit fut une véritable torture. Prise de nausées, il fallut que je retienne mon envie de vomir.
Quel était donc ce rêve ?
Dans la salle de bain, je regardai le lavabo. Si je devais vomir, ce devait être ici. Peut être avais-je attrapé quelque chose avec la pluie de la veille. Je regardai mon reflet dans la glace. Mon mal avait pu être conséquent du rêve. Mais comment un simple rêve pouvait-il avoir autant d’influence sur moi ?
Cette question me troubla durant tout le temps que dura ma préparation qui, heureusement pour moi, fut machinale.
Pas le temps ni l’envie de me coiffer. Je me fis une queue de cheval, et pris sur moi pour être prête à l’heure.



Bien que je ne fusse pas dans mon meilleur état, je saluai d’un geste de tête la grue du village en fermant la porte de ma maison.
Elle avait changé de place depuis hier matin. Sans doute un nouveau lotissement à construire.
Je marchai lentement, encore étourdie de mon réveil. Fichu rêve. Il allait me gâcher la journée.
Je fis donc quelques mètres, en évitant de trop regarder le ciel et son soleil éblouissant.
Un bruit de clôture se fit entendre. Ce devait être Xavier qui sortait de chez lui.
Au bout de la rue, je le vis effectivement m’attendre. Mais je n’avais décidemment pas envie de presser le pas.
_Alessandra ? Tu viens ? On va être en retard ! lança-t-il.
Il se rapprocha de moi.
_Ca ne va pas ? Tu n’as pas l’air en pleine forme. dit-il en arrivant à ma hauteur.
_Si, si, ça va. J’ai seulement la migraine... dis-je en portant la main à ma tempe.
_T’aurais pas encore fait la fête ? dit-il, d’un air amusé.
_Non... J’ai assez mal dormi. En plus, j’ai fait un rêve horrible…
_Ah ? Raconte ?
Je portai mon regard sur lui. Même s’il était depuis un bout de temps mon ami, je n’allais pas lui parler du rêve. Rêver de son ex n’était déjà pas vraiment plaisant, mais alors en discuter avec lui, ça, jamais !
De toute manière, il nous fallut que quelques minutes pour rejoindre le bar.
Le village n’étant pas bien grand, il fallait environ un quart d’heure pour le traverser. Cela allait changer avec ces nouveaux lotissements.



Mon uniforme m’attendait là où je l’avais laissé la veille.
_Bonjour, les jeunes ! Alors, on est en retard !? apostropha Inès derrière moi.
_Non, non… Nous sommes à l’heure !
Elle sourit.
_Voyons tu sais bien que je vous taquine ! Je ne vais pas pinailler pour une petite minute en plus ou en moins !
Puis elle s’en retourna dans l’arrière boutique.
Sans pinailler, elle m’avait tout de même fait remarquer que j’étais en retard, et qu’elle l’avait noté.
_Fais pas attention. Elle l’a pas dit méchamment, dit Xavier.
J’acquiesçai, de fainéantise de parler. De toute façon, cela faisait partie de son caractère.
L’ouverture se fit avec les habitués. Des retraités pour la plupart, qui passaient leur temps à jouer sur la terrasse, même en ce mois d’Octobre.
_Bonjour, ma petite Alessa, dit Luis. Comment ça va ce matin ? Tu as vu, ils construisent encore d’autres maisons avec cette fichue grue...
Je me contentai de répondre poliment.
_Et comment vous allez, tous les deux ? me lança-t-il d’un air complice.
_Je ne suis plus avec Xavier depuis un mois et demi, Luis, répondis-je, lentement.
_Ah... Excuses-moi, je ne m’en souvenais plus, dit-il, désolé. Tu sais, à mon âge...
Ca pour le savoir, je le savais. Cela me faisait quelque part de la peine qu’il ne se souvienne jamais d’une fois sur l’autre les questions –et surtout les réponses- de la veille.
Je vis qu’il cherchait autre chose à me dire, afin de ne pas terminer sur une maladresse. C’était touchant de gentillesse.
_Et pour cette fin de semaine ? Tu as prévu quoi, dis moi ?
J’éclatai de rire. Il n’allait pas aimer la réponse.
J’avais prévu de sortir avec mes copines le samedi, à Barcelone.
La journée, en ville, pour voir mes parents et la nuit, en boîte, jusqu’à plus d’heure.
Le dimanche serait pour récupérer.
_Oh ! Ce n’est plus de mon âge ça ! dit-il en se levant pour partir avec un geste de la main. Bon ! Je te laisse ! Portes-toi bien !
Me porter bien... Il n’avait pas idée du mal que je me donnais pour paraître réactive et éveillée.
Même si, routine oblige, la journée passa dans l’ensemble assez rapidement, ce fut dur.
Des coups de barre, des maux de têtes, mais c’était surtout le fait d’avoir toujours à l’esprit la plume rouge dans ma main. Ce rêve avait quelque chose de familier, sans que je puisse savoir quoi. Cela me contrariait, comme lorsque l’on a une réponse sur le bout de la langue, sans pour autant pouvoir la prononcer.
La seule attraction de la journée fut l’arrivée de deux jeunes français qui, dans un espagnol sommaire, me demandèrent deux baguettes de pain et deux glaces trois chocolats.
Habituellement, les étrangers venaient durant l’été et non en ce début d’Hiver. Les français étaient particulièrement nombreux dans cette région, ce qui n’était pas pour plaire à tout le monde. Pour ma part, je me régalais toujours, presque avec sadisme, de voir le mal avec lequel ils essayaient de s’exprimer.



Ma migraine passa dès le vendredi soir, ce qui me permit de me préparer physiquement et mentalement pour la journée du samedi. Je fus heureuse de ne plus faire de rêve aussi perturbant.
Le week end se passa exactement comme je l’avais expliqué à Luis.
De retour le dimanche après midi, j’avais élu domicile le fauteuil du salon. Devant la télé, la loque à moitié endormie que j’étais regardait les films. A moitié toujours.
_J’ai rien compris à ce film. C’était vraiment mauvais, marmonnai-je.
J’éteignis la télé, les yeux quasi-closs. Quitte à dormir, autant retrouver mon lit.
Un long soupir de satisfaction plus tard, j’étais vautrée sous les couvertures, prête à être accueillie par Morphée.
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thomasCarnicer
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MessageSujet: Re: Call Of Nemesis : La Plume Rouge   Call Of Nemesis : La Plume Rouge Icon_minitimeJeu 9 Aoû - 12:05

Chapitre 2 : Terreur diurne



C’était comme si je revenais quelques jours en arrière. Tout y était. La plaine, l’air doux, les plumes, le sang...
Même lui.
Cette fois-ci, le ciel s’était couvert. De rares gouttes de sang tombaient sur les plumes blanches. J’en reçus une sur le visage.
Je ne comprenais pas. J’étais là, à contempler ce qui ne pouvait être un rêve. Ce n’était pas pour autant réel. Enfin, je présumai que cela ne le fusse pas.
_Je connais cet endroit...
Je regardai tout autour de moi l’étendue quasi infinie. L’homme qui était à côté de moi, toujours à genoux, en fit de même.
_C’est intéressant comme l’on s’attache à des choses, sans pour autant comprendre l’importance qu’elles ont.
Il me regarda, l’air grave.
_On aimerait qu’elles ne changent jamais, continua-t-il. Mais elles changeront. Elles changeront plus vite que tu ne le crois.
Je secouai la tête pour lui signifier mon incompréhension. Il baissa les yeux, quelques instants, comme pour regretter mon manque de sagacité, puis il reporta son regard sur moi.
_Ce que tu possèdes. Ceux que tu aimes. Tu les perdras.
_Non...
_Accepte-le.
Je reculai, les yeux pleins de larmes. Son regard triste me les fit couler.
_De quel droit...



_De quel droit ! sanglotai-je dans mon lit.
Je balançai d’un coup de rage mon oreiller imbibé de larmes.
J’en avais mal au ventre à autant pleurer. La respiration me manqua. Suffocante, je tâchai de reprendre mon souffle, tout en cherchant de mes pieds ma paire de pantoufles, et de mes yeux quelque chose de joyeux qui puisse me réconforter.
Je ne trouvai ni l’une, ni l’autre.
Pieds nus, je me mise debout. Quelques pas plus tard, dans le couloir qui menait à la salle de bain, et après avoir quelque peu titubé, je tombai à genoux.
J’en profitai pour vomir tout ce que j’avais, pourvu que cette tristesse s’en aille elle aussi.
Mais mes larmes continuèrent de pleuvoir sur le sol.
Lentement, je me recroquevillai sur moi-même. Pour pleurer. Pour me rassurer. Pour me calmer.
Je n’étais même pas sûre de savoir pourquoi je pleurais. Ce n’était pas seulement de la tristesse. C’était aussi de la peur. Peur que ce n’eusse pas été qu’un rêve. Peur qu’une part de vérité puisse s’y cacher. Peur de perdre tout ce que j’avais.
Je me remis à pleurer.
Que pouvais-je faire d’autre ? Demander de l’aide ? A qui ? Faire quelque chose ? Mais quoi ?
_Je... Je dois....
Le retrouver. Je devais en avoir le cœur net. Je devais savoir si...
N’y pensons pas.
Je ne devais retourner dormir. C’était la seule façon pour moi d’être sûre.
Une fois relativement calmée, je me réinstallai dans mon lit, pris mon oreiller humide, et le changeai de côté.
Une fois. Deux. Trois. Quatre.
Je comptais le nombre de fois que je me retournais dans mon lit. L’angoisse avait maintenant pris le pas sur la tristesse.
Durant ce qui me parut une éternité, je cherchai le sommeil, en vain. Je sursautai.
Le téléphone sonnait.
_Qu’est-ce que... Oh non !
Et pourtant, si. J’avais totalement oublié l’heure. Je devais avoir quelque chose comme deux heures de retard.
Avant de décrocher, je m’assurai d’être assez convaincante, tout en évitant d’affoler ce que je devinai comme mon interlocutrice.
D’une voix très légèrement saccadée, qui camoufla mon anxiété pourtant horriblement présente, je répondis.
Au bout du fil, Inès qui, sans surprise, souhaitait savoir pourquoi je n’étais pas venue ce lundi. Je vis l’heure sur la pendulette de l’entrée. Il était une heure moins le quart.
Ainsi j’avais donc dormi.
Sans mal, je feintai la maladie. Elle fut apparemment assez convaincue. Trop, sûrement.
_Dès que Xavier a sa pause, je lui demande de venir te voir.
_Non, non... Ca va aller, Inès, je t’assure !
_Laisse-moi faire. Occupe-toi de bien te soigner !
Je raccrochai. Je ne souhaitais pas voir Xavier. Pas aujourd’hui. Pas pour ça.
La première fois, c’était aussi parce que j’allais mal que...
Bref, je n’avais pas envie de recommencer. D’autant que cette fois, c’était quelque chose de différent. Cela n’avait rien à voir avec une mauvaise rupture.
Je me remis dans mon lit. Cet appel m’avait permis de me rattacher à la réalité des choses. Sans pour autant voir mon anxiété disparaître, j’y voyais un peu plus clair.
J’allais rester dans mon lit, récupérer, et retourner au boulot demain.
Le temps de fermer les paupières, on toqua à la porte.
_Xavier... Grommelai-je.
Trop fatiguée, je préférai rester dans mon lit plutôt que de me risquer à ouvrir.
Le connaissant, inquiet, il m’aurait posé des tas de questions, m’aurait forcé à dire ce qu’il n’allait pas. Et puis m’aurait réconfortée. La bonne poire que j’étais n’aurait eu qu’à fondre en larmes et à se jeter dans ses bras.
Il appela plusieurs fois. Puis ce fut le silence. Tant mieux. Après une bonne nuit de sommeil, je serai requinquée. A moins que...
Et si je rêvais encore ? Une boule au ventre se forma presque aussitôt que j’eus formulé ma pensée.
Dans tous les cas, je devais dormir.



Comme j’aurais voulu avoir tort. Comme j’aurais voulu que ce n’eût été qu’un rêve. Comme j’aurais souhaité que ces maudites plumes soient blanches comme la plus pure des neiges. Mais non. Seul l’écarlate avait désormais sa place ici.
Cette fois-ci, il se tenait debout, bien que sa blessure fût visiblement encore douloureuse pour lui.
Tant de questions me vinrent à l’esprit. Qui était-il ? Que voulait-il ? Comment cela se pouvait ? Tant de questions. Trop de questions.
_Pourquoi !? m’exclamai-je.
Voilà le seul mot qui était parvenu jusqu’à ma bouche.
_La réponse est devant toi, me dit-il, doucement.
Je détournai le regard de cet homme et contemplai le paysage rougeâtre.
_Je ne comprends pas !
Il me regarda, prenant tour à tour les apparences de Xavier, de Luis, puis de mon père, et ainsi de suite.
_Si tu ne comprends pas, c’est que tu n’as pas à comprendre.
Je soupirai d’impatience. D’anxiété, surtout.
Quelques plumes dans le ciel, blanches, volaient, aussi bien que si elles avaient appartenu à des oiseaux.
L’une d’elle se fit toucher par une goutte de sang. Elle tomba puis atterrit lourdement sur le sol, comme si...
_Mon Dieu...
Des larmes se mirent à couler le long de mes joues.
Je comprenais maintenant. C’était tellement évident. Depuis le départ, ça l’était.
Ce n’était pas un rêve. Pas plus que c’était un parterre de plume sous mes pieds.
Mon interlocuteur me délivrait ici un message.
Lui-même l’avait dit lors de nos précédentes rencontres. Cette plume venait de s’écraser comme morte sur le sol.
Pleine de sang, elle rejoignait au sol les milliards d’autres cadavres maculés.
Je portai ma main à la bouche, horrifiée. Mes yeux se fixèrent de nouveau sur lui.
Il acquiesça, plein de tristesse.
_Il approche... Le...
Un son au loin. Plus rien.
Encore un son. Plus rien.



J’ouvris les yeux, réveillée par le téléphone. Je ne pleurais pas. A quoi bon.
_Allo ? questionnai-je, la voix ensommeillée.
_Allo, Alessandra ? C’est maman ! J’ai reçu un coup de fil de Xavier qui nous a dit que tu n’allais pas bien.
_Tout va bien, maman. Je t’assure. J’ai juste eu une grippe.
Je devinai de son silence qu’elle était inquiète.
Quelques phrases, pour la rassurer ; un « je t’aime » et un « embrasses papa pour moi » suffirent à la faire raccrocher.
Je posai le téléphone, sans le quitter des yeux. Ainsi j’avais saisi ce qu’il voulait me dire.
Mais pourquoi me l’avoir dit à moi ?
Peut être voulait-il que j’agisse pour changer les choses... Ou pire, que je survive aux miens.
Quoi qu’il en fut, le message n’était pas complet. Je devais le retrouver, une dernière fois.
Cinq minutes. Voilà le temps qu’il me fallut pour atteindre la pharmacie.
Je sortis de là, les larmes aux yeux. Je venais de mentir à une amie d’enfance en prétextant une insomnie.
Chez moi, je posai tout en vrac, sans faire attention. Une boîte. J’en aurais bien demandé deux. Mais cela aurait été de trop.
Un verre d’eau plus tard, deux cachets étaient en train de se dissoudre dans mon corps. Normalement, il en fallait un seul, disait la boîte. Mais cette foutue boîte ne précisait pas ce qu’il fallait faire dans mon cas précis. Je me couchai, tout doucement.
Il me dirait quoi faire. Et rien ne me réveillerait cette fois.
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MessageSujet: Re: Call Of Nemesis : La Plume Rouge   Call Of Nemesis : La Plume Rouge Icon_minitimeJeu 9 Aoû - 12:06

Chapitre 3 : Les condamnés






Etait-il Dieu ? Et si je n’étais pas la seule à recevoir le message ?
L’instant hypnagogique ne dura pas.
Bientôt, s’offrirent à moi le paysage sanglant et ces corps maculés que j’avais appris à connaître.
L’homme semblait différent. Il prenait toujours depuis la dernière fois les apparences des gens que je connaissais, mais là, il était plus... Expressif.
_Tu dois partir. Quitte ceux que tu aimes, ta vie, ta maison. Quitte-les et maintenant.
Surprise, je lui demandai des explications.
_Il m’a retrouvé. Ce n’est qu’une question de minute avant que...
Il sembla distrait, quelques instants. J’étais abasourdie, incapable de bouger. Où aller ?
Il se reconcentra sur moi.
_Fuis ! Tu dois fuir, maintenant ! S’il m’a retrouvé, c’est qu’il sait probablement où tu te trouves !
Un fracas monstrueux. Un instant, la plaine vacilla, et forma une pièce de moyenne taille, puis revînt à son état d’origine.
Il se tourna vers moi. Son visage était redevenu calme et serein.
_N’oublie pas ce que je t’ai dit. Sauve-toi de ta vie.
Avant que je n’eus le temps de dire quoi que ce soit, une masse bleue énorme apparut. D’une rapidité fulgurante, elle se jeta sur l’homme qui hurla de douleur et disparut de ma vue.
A présent, seule la bête devant moi était visible.
Ses longs poils épais noirs étaient inclinés. J’avais devant moi une horreur à mi-chemin entre le loup-garou et l’araignée.
Ses quatre yeux jaunes regardèrent dans ma direction.
Terrifiée, je fis quelques pas en arrière. Je perdis l’équilibre. Ma vue se brouilla très vite.



Un bruit sourd. Une douleur. J’étais tombée du lit. Je regardai autour de moi, prête à voir cette immonde créature.
Comme si elle avait pu tenir dans la chambre.
Du sang sur mon pyjama. Je saignais du nez.
La peur au ventre, les yeux vitreux, je courus à la salle de bain voir ma blessure.
Entre temps, en passant devant la porte d’entrée, je vis au travers de ses carreaux qu’il ne faisait pas encore jour.
Je pris un morceau de coton, l’imbibai de désinfectant, puis je m’en servis. J’avais cette impression de ne pas voir son propre reflet dans la glace. Je me sentis différente de celle que je voyais en face de moi.
Etrangement, l’alcool ne piquait pas. Je me demandais si c’était vraiment une blessure, lorsque je me souvins de ce qu’il m’avait dit.
_Partir !
En courant dans la chambre, je pris une valise. J’y enfournai mes affaires.
Un temps de latence.
Et les autres ? Ma famille ? Mes amis ?
Xavier.
J’irai chez lui, en premier, puis nous prendrions sa voiture pour aller à Barcelone. Oui. C’était une bonne idée.
Ma valise fut très vite prête, à grands renforts d’entassements d’affaires et de nourritures.
La bouche encore pâteuse, je me précipitai dans la salle de bain. La brosse à dent dans la bouche, je me posai la question de comment j’allai convaincre Xavier.
Aucune importance. Je verrai.
Je crachai dans le lavabo, posai la brosse à dent, puis relevai la tête. Je regardai mon reflet, quelques instants, tourmentée de questions. Je m’apprêtai à quitter ma maison, en pleine nuit, pour fuir, où que ce fût. C’était dément. Aussi dément que de voir mon propre reflet tenir la brosse à dent que je venais de poser.
Je fis un pas en arrière. Il se jeta sur moi. Je sortis de la salle de bain sans voir s’il traverserait le miroir.
Deux mètres plus tard, j’étais à l’entrée. A côté de la porte, la valise prête.
J’arrachai cette dernière du sol tandis que j’ouvrais la porte. Un frisson me parcourut le dos.
Un homme marchait dans le jardin, lentement.
Les images qui suivirent arrivèrent si vite. Le frisson étendit son emprise sur l’ensemble de mon corps. Il me sembla tantôt à la grille, tantôt juste devant moi, le visage décomposé, transformé.
La valise tomba sur le sol. Je claquai la porte en quittant l’entrée.
A l’intérieur, j’esquivai en fuyant les horreurs qui s’attaquèrent à moi. Des ombres dans le salon, un visage horrible à la fenêtre. Le mur parut se déformer à mon passage. J’hurlai.
D’autres cris vinrent sans que je n’eusse besoin de les pousser. Des cris horribles, de terreur.
Il me sembla qu’il était juste derrière moi, prêt à m’attraper.
Dans la chambre du fonds, j’ouvris la fenêtre. J’étais persuadée de l’avoir dans mon dos, tandis qu’une présence au-dessus de moi me tétanisa un court instant. Ils seraient derrière la fenêtre. Je m’attendis d’une seconde à l’autre à revoir le visage décomposé.
Je fermai les yeux et sautai.
La douleur de la chute permit un court instant de les oublier eux, et ces cris. Des sons de verres brisés retentirent dans la maison. J’enjambai le muret du voisin et courus le plus loin possible devant moi, sans avoir ni le temps ni le souffle pour hurler à l’aide.
De moins en moins de ces choses s’attaquèrent à moi, au fur et à mesure que mes jambes m’emportaient au loin dans le village assombri.
Je courus jusqu’à ce qu’elles perdent définitivement ma trace, jusqu’à n’en plus pouvoir.
Je tombai à genoux dans l’une des maisons en construction.
La lumière des lampadaires passait par les encadrements prévus pour la porte d’entrée et les fenêtres.
Le calme de la nuit était apaisant. Aucune présence. Aucun bruit. Aucune peur.
La fatigue me submergea de telle façon que je ne sentis bientôt plus la douleur qui m’assaillait.
_Un cauchemar, chuchotai-je, à bout de souffle.
C’était un véritable cauchemar. Je ne pouvais pas être réveillée et vraiment vivre ces choses. Comment mes rêves pouvaient être plus convaincants de réalisme que les évènements que j’étais en train de vivre ? Cet être qui me poursuivait était-il celui dont l’homme du rêve m’avait mise en garde ?
Un courant d’air. Un frisson.
J’entendis un homme parler d’une voix calme, dans un langage incompréhensif.
Apeurée, j’en cherchai sans succès l’origine. La voix devint plus forte, comme si la colère, puis l’hystérie avait gagné l’homme. Il hurlait, crachait ses mots sur moi, me massacrait les tympans.
_Quantus tremor est futurus, quando judex est venturus, cuncta stricte discussurus !
D’un mouvement de tête, j’aperçus un visage aux cheveux ébouriffés par l’encadrement de la fenêtre. Mes yeux revinrent sur cet endroit, et tombèrent nez à nez avec cette tête terrifiante.
Je m’en écartai, pour tomber sur une chose informe au plafond. Bientôt, je fus encerclée, par les hurlements, par ces créatures tournoyantes, piquant sur moi...
Je fermai les yeux, bouchai mes oreilles.
_Assez ! sanglotai-je.
J’en avais assez de tout ça. Assez de rêver, assez de voir ma vie partir en fumée.
Je sentis une présence derrière moi, quelque chose de moins mobile que tout ce qui m’entourait jusqu’alors.
D’une façon ou d’une autre, ce cauchemar allait se terminer.
Je me voyais déjà, me réveiller le matin dans les couvertures chaudes de mon lit, me dire que j’avais seulement fait un mauvais rêve.
Une main froide se mit sur ma bouche. Sans ouvrir les yeux, je la laissai faire et m’abandonnai à qui m’attaquait. Cela n’avait plus d’importance, que je me réveille ou pas.
Un objet pointu me piqua au cou, puis se fraya un chemin à travers la carotide.
La douleur fut brève. Mes vêtements devinrent rapidement humides.
La main relâcha son emprise, laissant mon corps tomber lentement. Très lentement.
Moi qui souhaitais la paix, je ne fus pas déçue.
Ma chute dura une éternité.
J’étais si légère. Si bien.
J’étais devenue la plume rouge du cauchemar de l’Humanité.
La première maculée, celle qui tacherai toutes les autres.



















L’histoire est en marche....

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