Le mois crépusculaire, en 542 après la guerre de Féragonia.
Le peuple gronde, l'Empire va mal, la révolution sanglante se fait sentir. C'est dans ce climat que s'est fait emprisonné Helridj Lhur, jeune chevalier du Second Empire. Il en est arrivé là car il protégeait son ami, l'édile de la région des Collines Bleues, des paysans qui avaient sonné l'assaut sans raison dans son domaine. Qu'importe, maintenant. Son ami s'était sans doute fait condamner à mort par les magiciens qui avaient colporté des mensonges à propos du roi dans l'esprit du bon peuple.
Helridj, lui, vivait dans une cellule où seule une meurtrière laissait entrer les rayons du soleil et permettait à la lune de réconforter le chevalier… « Il faisait sombre, comme d’habitude. Les quelques insectes qui s’aventuraient hors de leur trou finissaient bien souvent emprisonnés dans une toile d’araignée ou alors ils se noyaient dans une flaque formée par l’humidité. J’occupais mes journées à scruter la fine lamelle de ciel que me permettait de voir la meurtrière et à écouter les sons du dehors. Là, c’est le grincement des roues du chariot qui appartenait au ravitailleur du village qui passait devant ma cellule tous les mercredis. Après plusieurs semaines passées dans la puanteur des endroits clos, je reconnaissais chaque voix, chaque bruit qui me parvenait à travers la petite fente de la pièce.
Un jour, j’entendis un cri inhabituel :
- Ils arrivent par dizaines !
La femme du chef du village déboula au milieu des habitations.
- Les soldats ont le Chaos avec eux ! Je savais qu’il ne fallait pas écouter les
sorciers, je savais qu’une révolution ne servirait qu’à faire couler le sang !
Comment !? Le roi a sollicité l’aide de la créature la plus mystérieuse du continent pour calmer le peuple ?
Autant que mes muscles engourdis me le permettaient, je me levai et approchai ma tête de la meurtrière, mes oreilles aux aguets, mes yeux émeraude scrutant le ciel et le bouquet d’arbres à l’horizon. Une cinquantaine de soldats en cuirasse guidée par le Chaos, être de taille et d’allure humaine enroulé dans une longue cape noire dont la capuche ne laissait pas paraître sa face, se dirigeait vers le village.
Après que la petite armée soit entrée de force entre les habitations de chaume, les cris de haine des paysans et les crissement des combats de bêches contre sabres
résonnaient dans toute la vallée. Soudain, une odeur âpre vint m’irriter la gorge tandis qu’une fumée noire comme la nuit s’engouffrait dans ma cellule. Des langues de feu
léchaient les murs extérieurs. J’étouffais, je suffoquais, je toussais à en perdre haleine. Quelles cruelles fins que de mourir asphyxié ou brûlé vif, voire les deux !
Le feu sévissait dans le village, mais aussi dans la prison. Tel un phoenix acharné, il arriva dans la pièce par la lourde porte en bois qui y donnait accès. Je m’effondrai sur le sol froid et lisse, étrangement entouré par les flammes. Mes poumons me faisaient
souffrir, ma gorge m’irritait alors que la chaleur se rapprochait de plus en plus de moi. Soudain, la porte tomba à terre à la suite d’un coup asséné par quelqu’un. Le Chaos. Le Chaos s’agenouilla près de moi, sa cape noire défiant les flammes. Il se pencha sur moi alors que mes yeux étaient à demi fermés et me prit dans ses bras couverts pour me
sauver. J’eus juste le temps d’entrevoir son visage. Le feu. La chaleur. La fumée. Et son apparence.
Son visage dur et pourvu de nombreuses marques des combats qu’il avait mené était cependant d’une grande beauté. Je fermai les yeux alors que mon cœur battait la chamade. Mon sauveur était en fait une jeune femme… »
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Comme dit, c'était un texte que j'avais écrit pour un concours... Mais j'ai pas gagné, surtout qu'apparement tous les autres participants avaient écrit des poêmes, alors que sur la brochure, c'était mis "toute forme d'écrits acceptée"
Mais bon ^^'