La grande place

*L'homme était encore assit, les jambes croisées sur le comptoir. Ce dragon était étrange. D'un autre côté, un dragon-vampire ne se croise pas tous les jours.
Vanycent entendit le gémissement. Il baissa les yeux. Une constatation lui vint en tête. Constatation qu'il chassa vite fait, non-pas par dégoût, mais par respect. Après-tout, ce n'était pas parce-qu'ils avaient les mêmes couleurs (rouge, blanc et noir) qu'ils se ressemblaient. Van se connaissait très bien. C'aurait été insultant pour Syül de s'entendre dire qu'il était comme Vanycent. Les dragons sont plus sages sur beaucoup de points. Les hommes-dragons n'héritaient pas de cette sagesse. Ils n'étaient qu'hybrides. Ils ne pouvaient s'identifier ni aux humains, ni aux dragons. Et ils étaient rares.*

@Les larmes sont vivantes. Le sang aussi. Ils appartiennent aux vivants. Qu'il pleure donc!@
*Le dragon laissa retomber tout son corps sur la place. Sa peau, même couverte d'écailles, était transparente au point de laisser voir ses veines, si pauvres en sang, à présent...*
@Il fait froid. Je n'ai jamais eu froid comme ça...Reine, aide-moi...Pourquoi dois-je condamner quelqu'un si je lui suis à ce point semblable? La sagesse des Aeryel...Elle est belle, tiens.
"...abomination..."
"Abomination."
"Abomination!"
"...Abomination."
"...Abomination!"
"ABOMINATION!"
"Mort?"
"...Mon fils...déjà mort depuis des années."
"Syül!"
"...Il n'est pas mort, n'est-ce-pas? Ses écailles l'ont protègé, il n'est pas tombé en cendres...Il n'est pas mort?"
"...Je regrette..."
"...Je les ferai payer. Tous les vampires. Tous."
Je ne suis pas encore mort...@
*Le dragon releva la tête et l'ébroua.*
@Pas mort!@
*Il secoua les ailes et se releva avec rapidité. En silence, comme toujours.*

*Vanycent finit par soupirer bruyament. Et se lever. Il se dirigea vers l'avant de la boutique et écarta doucement le store de lin pour regarder dehors. Il était toujours là. Un autre fantôme. Toujours plus pâle sous la lune.
L'homme l'observa avec discrétion, à travers le petit bout de vitrine qui n'était pas caché par le tissu. Silencieusement. Tristement.
Bien que de marbre, la vue de la souffrance insupportait le dernier Manoirouge. Encore plus si elle filtrait à travers quelqu'un d'autre. Mais il savait qu'il ne pouvait rien. Déjà parce-qu'il était maladroit en consolation. Il n'avait jamais essayé, surtout. Ensuite parce-qu'il est inutile de proférer des promesses qu'on ne peut tenir.
Alors il se contentait d'observer. Toujours.*

*Le dragon reprit une forme humanoïde, tremblante de froid et si maigre, qui pourtant d'un seul coup de coude fit voler la porte du magasin le plus proche, un stock de tissus.*
@Et je te verrai, Aurore, ce matin.*
*De quelques coups d'épée, il déchira plusieurs grandes bandes de tissu, dont il se servit pour couvrir intégralement sa peau. Il était redevenu agile, méthodique et déterminé. Ses sourcils étaient froncés de concentration. Lorsqu'il en eut fini, il avait de longs gants de lin rouge et le visage enroulé dans des morceaux de tissu, rouges également, d'ou s'échappaient quelques mèches blanches.*
@Et si ça ne marche pas...J'en aurai au moins fini avec...Cette mort sans fin.@

*Une fois encore il n'y eu plus aucune présence dans la vieille boutique. Cependant, le vent faisait doucement voler la cape de Vanycent, sur le toit du bâtiment. Il observait. C'était son passe-temps. Sauf que là, une certaine méfiance se mêlait à une étrange curiosité. Que faisait Syül dans cette boutique, plus loin ? D'un autre côté, quelle importance ? C'étaient les affaires du dragon. Pas celles de Van.
Il resta pourtant à épier le moindre semblant de mouvement, surveillant juste si le bruit de la port enfoncée n'avait pas alerté quelqu'un.*

*Syül était sorti, pas vraiment changé dans les ténèbres. Il renifla l'air un instant et son regard tomba sur le toit. En face. Encore lui? Combien d'heures avant le lever du soleil? Siül n'avait plus soif. N'importe comment, il se sentait rassasié. Et il était surpris.*
Pourquoi?
*Il avait surveillé cet homme une bonne partie de la nuit. Et voilà que les rôles semblaient s'inverser.*
Depuis combien de temps?
*La voix du vampire était parfaitement neutre, peut-être un peu rauque. Mais glaciale. Sous les tissus, son expression était invisible, mais il y avait fort à parier qu'elle était de marbre.*

...

*Vanycent resta silencieux. Froidement silencieux. Il sauta du toit pour atterir sans faire le moindre bruit sur les vieux pavés de la place. La lune était à la presque-fin de sa course. Dans deux heures, peut-être plus, il fera jour, et les ennuis sociaux reprendront leur cours.
L'homme-dragon resta immobile, fixant l'autre. Il s'était couvert. En prévision du soleil, sans aucun doute. Normal pour un vampire.
Aucune autre pensée ne vint à Vanycent. Il avait souvent la tête vide. Vide. Comme cette place.*

*Syül baissa les yeux sur sa main gantée. Obligé de se masquer, de se cacher. De fuir la lumière du jour. Il la verrai. Il ne la sentirai pas. Mais ce serai déjà...Quelque chose. Il eut envie de vomir ce qu'il lui restait de sang. Il haïssait les vampires. Tous les vampires.*
@"Je le vengerai..."
"Non!"
"...Frère..."
"Zyl! Oh, maman, j'ai besoin d'aide! C'est Syül! Il...il..."
"...Tu es toujours mon frère."
Comme s'il y avait eu besoin de le préciser...Comme s'ils avaient peur de ne pas se persuader du fait que je sois toujours...Leur frère ou leur enfant. Mais ils ne m'aiment pas. Qui serait capable d'aimer un tel monstre, une telle abberation? Quelque chose d'aussi contre nature?
Le Manoirouge. On ne l'aime pas. On s'en méfie. Paria. Tssk, toutes ces histoires à propos de sombres héros qui sauvent le monde...@
*Il se haïssait. Il était un vampire. Il aurait voulu ne pas avoir survecu à sa morsure, comme c'était souvent le cas. Il aurait voulu avoir le courage de se suicider. Il ne pouvait pas. Le vampire, une machine à tuer si parfaite qu'il était presque impossible pour tous de la détruire. A commencer par lui-même. Il ne pourrait pas. Il ne savait même pas s'il réussirait à tenir jusqu'au lever du jour.*

Les gens.

*Le groupe nominal sonnait comme une massue, construit par le timbre grave et lisse de l'ex-royaliste.*

Le véritable problème, ce sont les gens. Toujours à nous ordonner des choses. C'est ce qu'il m'est arrivé. Toujours à ne juger que notre apparence et nos actes qui, pour eux, n'ont aucun sens. Comme si nous étions différents d'eux. Voir une princesse et paysan boire du thé. Ils n'ont pas la même perception du geste, même s'il est identique. Ils n'aiment pas la différence. Celle que l'on peut qualifier de contraire total. Il sont idiots.

*Le dernier Manoirouge avança de quelques pas étonnement silencieux pour un demi-humain. Puis il reprit.*

Un esprit mauvais enroulé dans une cape rouge qui exécute des actes sanguinaires, ça ne les choque pas. Un ange tombé du Ciel qui répend la paix et le bonheur - idioties ! - ne les choque pas non-plus. En revanche, un démon dans les habits d'un ange ou un ange dans les habits d'un démon... Ou même si l'on est indifférent à tout ce qui se passe autours de nous, que l'on soit drapé dans le sang ou recouvert de plumes blanches... Il sont idiots.

*Pour une fois, il avait exprimé clairement ses idées. Même si le monde s'en fichait royalement. Ca prouvait au moins qu'il savait réfléchir. Même si on ne l'écoutait pas.*

Pas les gens. La vie.

*Le vampire se saisit d'une poignée de graviers qu'il serra dans sa main à s'en blesser. Puis il jeta les pierres au loins. Malgrès la force de sa pression, il n'avait rien.*

Vit donc, toi qui est vivant. La vie me rejette. Profite de tes derniers instants...
Je suis le gardien de nuit de ma famille. Un démon apprivoisé. Une horreur de poche, si utile durant le sommeil des autres. Enchaîné. Mais on a peur de moi. Toi, tu saurais pourquoi on a -toujours- aussi peur de moi, de toi?

Pas de bien pas de mal, pas de démons ni d'anges. Des vivants et des morts.

*Il se mordit la lèvre. Ca commençait à lui faire mal. Il s'en moquait. Il suçota le sang, son propre sang tari.*

J'ai grandi dans des idéaux de lumière et de bien. J'ai combattu, jeune, et on appellait cela de la bravoure. J'ai été mordu et on m'a tourné le dos. On m'aime pour mon passé. A présent, un vampire serait incapable d'être celui qu'il était de son vivant. La question ne se pose même pas, hein? Mort-mort-mort-mort...Aucun acte ne saurait me rattraper, aucune parole. Les souvenirs le rappellent. Rien ne saurait changer tant que nous existons. Le masque qu'on m'a donné me gène blesse mon vrai visage. Il en est ainsi pour toi, pour moi.
*Il lui tourna le dos.*
Finalement, peu importe que l'on soit mort ou vivant. Nous sommes perdus.
*Le jour se lèverait bientôt. Siül ne savait pas ce qu'il ferait. Sans doutes qu'il se bannirait. Dans un certain sens, ça les soulagerait tous.*

Perdus... Mais existants. Que nous soyons morts ou vivants, nous existons. Même si cela les gène. Tous. Même cela nous gène, nous. C'est notre fardeau, même si on ne l'a pas mérité. Il nous faut continuer d'arpenter les jours et les nuits, de fouler le sol toujours plus meurtit sous nos pas. Nous sommes perdus, mais nous sommes là. Fantômes parmis les foules. Pour nous, le temps s'est arrêté. Mais il continu pour tout ce qui nous entoure. Nous existons. Nous n'y pouvons rien.
On ne me déteste pas pour mon passé. Personne ne le connait. On me déteste pour mon manque de réaction.
Pourtant, regarde autour de toi, réfléchis aux réactions de ceux que tu rencontres. Ont-ils tous frissonné à ta vue ? Presque. M'ont-ils tous fuis ? Presque. Nous existons, mais au moins une âme au monde essaie de nous comprendre pour ce que nous sommes maintenant, pas pour ce que nous étions hier.
Nous sommes perdus, fantômes existants pour hanter ceux que nous croisons, mais il n'est pas impossible que nous hantions une seule personne autrement. Une personne plus ou moins proche, une personne plus ou moins ressemblante. Plus ou moins existante.

*L'aube commençait à se montrer. Vanycent regarda l'horizon entrecoupé par les bâtiments de la ville, puis ses yeux rouges revinrent sur le dos de Syül.*

Réfléchis.

La brume tombe.

*Fut la seule réflexion du vampire. Effectivement, de grands serpents nuageux commençaient à emplir les venelles et à se répandre sur la place. Un constat...Ou une réponse? Rien n'était plus clair dans l'esprit du dragon.*

Personne.
Les larmes sont grises,
Rouges, blanches ou noires,
Rouge ou blanc est l'espoir,
Et les pensées s'enlisent,
Personne,
Personne,
Ne me plaindra.

Défenseurs du Bien...Aeryel...Une vieille image. Personne ne m'écoute. Je peux hurler ce que je suis, personne ne me regarde. Parce que je suis le vampire avant d'être le dragon.
*L'hybride se mit à tousser. Le jour approchait.*

Alors fais en sorte que le vampire ne fasse qu'un avec le dragon. Tu n'es pas dragon. Tu n'es pas vampire. Tu es les deux. Comme moi je suis homme-dragon. Hybrides. Nous n'avons rien choisit. C'est ainsi et nous n'y pouvons rien. Alors regarde l'horizon, regarde l'aube se lever sur nous, pauvres ombres, et profite du spectacle en ne pensant plus à rien.
A ton avis, pourquoi je n'ai toujours pas mis fin à mes jours ? Parce-que j'ai arrêté de penser. Mais pas de réfléchir. Juste de penser.

*L'homme s'exprimait presque dans un mumure. Il détourna le regard et sentit la ville se réveiller. D'un bond rapide et sûr, il se retrouva sur un toit.*

Viens ici admirer la naissance d'un jour nouveau. Un jour parmi tant d'autres. Un autre jour à oublier.

*Il déploya ses ailes fragiles. Un instant, il sembla que le vent gonflant les fines membranes l'avait emporté tant il paraissait maigre à présent. Il s'était contenté de sauter sur le toit le plus proche, ses ailes se recroquevillant à son arrivée sur les ardoises grisâtres.*
Cela fait si longtemps que je n'ai pas contemplé d'Aube...Ma déesse était l'Aurore. A présent, je ne sais pas...La religion est si lointaine...
*Il s'était immobilisé, attendant avec appréhension les premiers rayons du soleil sur lui.*
Je suis sensé te surveiller. Je ne devrais pas te parler ainsi, mais...Zyl avait tors.
Quoi qu'ils veuillent, tu es Vanycent. Tu es Vanycent...Tu es un homme, un dragon, ni drake ni humain. Quoi qu'ils veuillent, je suis le dragon, je suis le vampire. Ni l'un ni l'autre. Je suis Syül. J'aurai seulement désiré pouvoir vivre. Ca fait quatre ans que je n'ai pas vu de telles aubes.
Notre monde n'est pas ici. Pas avec eux. Ma place est ailleurs. Mais j'ai prêté allégeance. Tu es lié par ta mortalité. Nous ne sommes pas à notre place et nous sommes...semblables?
*Il fronça les sourcils et frissona. Un rayon venait de se poser sur ses épaules. Instinctivement, il ferma les yeux.

Semblables.......et différents.

*L'homme finit par s'assoir et jeta un regard en coin à Syül.*

Si forts... Si fragiles... Toujours dans la demi-mesure. Ouvre ton oeil à demi. Ton ancienne déesse vient saluer les êtres vivans.

[bon, c'est bien beau tout ça, mais j'ai faim ^^' Vé goûter, chépa quand jre -_-' bizz]

*Syül jeta un coup d'oeil à ses pieds. Les ardoises se couvraient d'une lumière dorée presque insoutenable pour lui, pourtant, il la fixait toujours, esperant y trouver un peu de réconfort. Aurore. Qu'il avait toujours associée à Elissanë. Qui était morte. Mais l'Aurore était belle, toujours. Il leva les yeux et contempla en face le soleil, à peine protegé derrière le lin placé sur ses yeux.*
Elle est magnifique...Je l'avais oubliée.
(Bonap^^)

Tu l'as maintenant retrouvée.

*L'animation commençait à pointer le bout de son nez sur la grande place. Les boutiquiers ouvraient leurs établissements, les livraisons commençaient leur itinéraire, les travailleurs se réveillaient. L'aurore donnait décidément vie à tout ce qui semblait être mort dans la nuit.*

*Il ne s'inquiètait pas pour l'homme/la femme propriétaire du bâtiment servant d'entrepôt de tissus. Il penserait le voleur déjà parti. Pourquoi serait-il sur un toit non loin?*
Je n'avais jamais vu l'Aurore depuis quoi...Quatre ans? Et dire que j'ai l'éternité devant moi.
*Il frissona*
L'éternité, c'est long...Très long...
@L'exil. C'est ce qui nous attend. Tous. Je dois cacher ça aux autres. L'exil éternel et la pétrification dans la lassitude. Eldaë n'était pas...Non.
"Prophète? Toi, le Prophète des Aeryel?"
"...Jamais voulu l'être...Je l'étais, jusqu'à mon refus..."
"Eldaë...Syül? Je ne peux y croire."
"Fils de la Reine..."
"...L'*abomination!*"
"Tu ments, petit frère."
"...Moi, je le savais."
"Il nous mènera à notre perte..."
"Il naîtra un prophète, blanc comme neige, qui mènera les Aeryel à leur destin éternel. Le prophète sera fait prisonnier, puis délivré par son amour, avant d'acceder à son statut..."
Blanc. Comme moi, comme Eldaë. Fait prisonnier. Comme papa le fut par les vendeurs de dragons. Liberé par Zyl. Mais papa a refusé son statut.

Je suis blanc aussi, prisonnier de la nuit, liberé par l'Aurore que j'associait à Elissanë. Ca se tient. Ils ne me croiront pas. Le destin des Aeryel est donc...La perte et l'exil? Et je les y mènerai? Quelque chose est en marche, depuis cette nuit.
"Méfie-toi de la main de la sororité..."@
Oui, j'ai retrouvée l'Aurore. Ma déesse. C'est tout ce qui compte, ce matin. Merci, frère.

Ce n'est pas moi qu'il convient de remercier. Mais toi-même. A bientôt, frère.

*L'homme sauta du toit et se glissa, aussi invisible qu'une ombre entre les gens qui commençaient à peupler la place. Pour une fois, une journée un peu moins morose les attendait certainement tous les deux.*

[C'est tellement... poétique tout ça... J'en ai la larme à l'oeil...]

[Snif^^]
*Le dragon soupira. Hors de question de continuer à jouer les chiens de traque auprès de Vanycent. Cet homme était le premier à manifester une honnêteté sembable auprès de Syül. Le premier. Et il lui ressemblait tant. Les craintes de Zyl étaient infondées. Maintenant, il allait profiter de la journée, pendant qu'on le croirait terré dans quelque obscure cave à dormir du sommeil du vampire. Pour commencer...
L'hybride entra dans la boucherie la plus proche. Son apparence étonna à peine la vendeuse, placide et bien en chair. Elle devait en voir beaucoup, des aventuriers et des êtres bizarres, ici, à Astemir, après tout. Il s'acheta pour deux pièces d'argent de steak. C'était tout ce dont il avait besoin pour se remettre de sa nuit. Il sortit, relativement heureux, et eut un rire douloureux. Il devait avoir l'air abominable ainsi habillé. Tant pis.*

*Vanycent, après quelques dizaines de minutes à la recherche de riches passants à voler, se retrouva confronté à un groupe de jeunes des rues. Ils ne comprendront donc jamais ? Soupirant de désespoir et de pitié, l'homme ne perdit cependant pas son sang froid. Sang. Il pensa à Syül. Pour une fois qu'il arrivait à aider quelqu'un... Mais le dragon en valait la peine. Il cromprenait des choses que personne d'autre ne pouvait comprendre.
Un coup de poing le sortit de ses pensées. Une armoire à glace adulte. Qui lui courait après depuis longtemps. Vanycent soupira pour la énième fois en jouant de sa main gantée pour faire apparaître une sphère électrique. Effet immédia. Tous ses harceleurs avaient disparus, le feu au fesse, si l'on peut dire. Enfin la paix.*

*D'un ton froid, Syül répliqua au garde qui venait de l'interpeller("Hey, l'voleur des villes Sableuses, tu vas ou, comme ça?"), d'abord en sortant sa lame qui, mine de rien était effrayante, et ensuite en lachant:*
Je n'ai pas connaissance des villes Sableuses. Vous, par contre, vous allez avoir connaissance des enfers hurlants si vous ne vous écartez par dans les dix secondes.
*Hum. En fin de compte, il avait effectivement volé. Mais cela importait peu, à présent. L'homme était parti. Sûrement un type du Bouclier. Les villes Sableuses. Un coin de désert, sans doutes. Croisant son reflet dans la fontaine, il nota qu'il avait effectivement un petit air de désertique. Ironie, n'est-ce-pas, pour un vampire? Il avait achevé son...steak et se balladait à présent en ville, savourant -pour une fois- le jour.*

*Les passants remarquaient un homme couché sur un banc, entre ombre et soleil. Sa seule couverture consistait en une cape rouge déchirée. Pauvre sans-abrit. Il y en avait de plus en plus dans la ville.
Le dernier Manoirouge était couché sur le dos, enroulé dans sa cape. Il ne pensait à rien. Il réfléchissait. Il s'était exprès sur ce banc protégé à moitié par l'ombre d'une sculpture réprésentant.......X chose.
Il s'était mis entre ombre et lumière. Parce-qu'il n'était ni pire, ni meilleur. Parce-qu'il n'était ni bon ni mauvais. Parce-qu'il n'avait qu'une idée en tête : vivre avec ou sans, pour ou contre les autres. Prendre les choses comme elles viennent. C'est tout.
Vanycent regardait le ciel bleu. La journée s'avérait belle. Pas plus que les autres, remarque. Après-tout, la pluie aussi est belle, non ? Des vols d'oiseaux passaient sans s'arrêter. Voyageaient. Van avait longtemps fait comme eux. Mais maintenant, il s'estimait trop vieux. Non pas par l'âge, mais par les expériences. Il était usé. Il ne parcourait que très rarement la ville. Sa boutique et la grande place lui suffisait. Bien qu'il connaissait maintenant le chemin pour allerau hangar de Spyra et de son frère.
Spyra... Il aurait voulu s'excuser une fois encore, mais c'aurait été prit comme du harcèlement. Un homme de la haute société ne dit les choses qu'une seule fois, c'est bien connu.*

*Le vampire s'était assis, l'épée sur le coté, trop en évidence au goût des passants (mais comment voulez-vous qu'une épée avec autant de pointes puisse se ranger dans un fourreau?) qui s'écartaient prudemment en passant près de l'"étranger". On lui demanda s'il était un mercenaire -une bande de gosses émerveillés-. Syül ne répondit pas. Qu'était-il? Officiellement, la gargouille de garde des Aeryel. Rien de concret d'autre. Les enfants s'étaient éloignés, vaguement déçus -depuis combien de temps?-.*
Monseigneur?
*A présent, une femme était penchée sur lui, l'air effrayée. Comme tout le monde ici. Sauf qu'elle, elle était à moins de trente centimètres de lui.*
Messire guerrier, j'aurai besoin de vous...
*Agréable à regarder, mais elle avait les traits crispés de frayeur.*
Qu'y a t-il?
*Voix froide, ce qui fit sursauter de nouveau la femme, décidemment nerveuse.*
Monseigneur, mon fils...Ils ont emmené mon fils! Je leur doit de l'argent! J'ai peur qu'ils ne...Vous comprenez, je leur jetterai bien un de mes sorts, mais...
...Qui?
Cela ne vous concerne pas, mais aidez-nous!
Et ça vous arrive souvent d'apostropher un homme dans la rue pour qu'il vous aide sans donner plus d'explications? Belle formule...
Ils sont sensés me retrouver à l'auberge de Maira. Je n'ai pas l'argent...J'ai peurs qu'ils tuent mon fils en s'en apercevant. Je vous demande simplement d'aller le chercher. Vous êtes un guerrier, je ne suis pas une mage de bataille. Je vous récompenserai.
Vous auriez du prévoir. Pourquoi ne pas prévenir la garde? Ils ne semblent pas vraiment corrompus, ici.
Allez-y. C'est tout ce que je vous demande.
Hum.

*Vanycent écoutait maintenant tous les bruits qui l'entouraient, toutes les conversations que son ouïe d'homme-dragon pouvait capter, les yeux fermés. Jusqu'à celle où il reconnu le timbre si particulier de Syül. Le dernier Manoirouge laissa l'ombre d'un sourire parcourir ses lèvres froides avant de disparaître brusquement. Il réfléchissait, mais ne pensait pas.*

@Cela peut - peut-être - représenter une chance pour lui. Je la lui souhaite bonne, cette chance.@